Voilà près de deux ans que je vivais avec Nolan. Avant, nous avions tout simplement été voisins. Parfois, il nous arrivait d’échanger quelques mots lorsque nous nous croisions dans les escaliers, mais cela s’arrêtait là. Il était le fils de l’ami à mon père, celui que j’avais vu lors de son enterrement, et que j’ai pu croiser en ville à bien des occasions par la suite. A l’époque, j‘avais encore été avec Kilian… Sans doute avait-ce été une de mes plus grandes erreurs. Je l’avais rencontré à une fête. Un homme charmant, attractif, sympathique… Mais je m’étais que trop rapidement aperçu que cela n’était pas tout. Il avait un côté violent, un côté que j’avais du sentir plusieurs fois lorsque nous étions ensemble. Au départ, je m’étais dit qu’il n’était pas vraiment comme ça. Apres tout, il au moment suivant, il se montrait tendre, attentif… Et c’était sans doute cela l’erreur. J’aurais dû le quitter dès la première fois, mais j’avais préféré me voiler la face, me disant que cela n’était que passager. Mais cela n’était pas le cas, et au bout de quelque temps, je le craignais trop pour lui dire en face que c’était fini. C’était Nolan qui m’avait aidé, me proposant d’habiter avec lui le temps que la situation se calme, que je puisse dormir tranquille sans avoir besoin de craindre que Kilian finirait par enfoncer ma porte. Les jours se sont écoulés, des semaines, et finalement nous nous étions bien trop habitués à notre nouvelle ‘collocation’ pour que songer à y mettre un terme. Je serais d’ailleurs bien incapable de dire quand j’ai fini par tomber amoureuse de lui. C’était arrivé si progressivement que je ne m’étais même pas rendu compte. Jusqu’au soir où Nolan était entré blessé. Il avait beau protesté, j’avais insisté pour le soigner jusqu’à ce qu’il accepte, et finalement c’était ce soir-là que notre relation prit une autre tournure… Et cela fait désormais un peu plus d’un an qu’on était ensemble.

. Puis j’arrivais enfin à mon appartement. A peine ai-je commencé à tourner la clé dans la serrure que la porte s’ouvrit et que Nolan était en face de moi. « Ivy… Où est-ce que tu as été ? » Il me serra dans les bras, plongeant sa tête dans mes cheveux. « Je me suis tellement inquiété… » « Tu ne devais pas revenir que jeudi ? » Visiblement étonné, il se décolle de moi, me fait face. « On est jeudi. Tu es sur que tu vas bien ? » Je le regardais avec des gros yeux. Jeudi ?? Dans mon esprit, c’était seulement mercredi… Pourquoi je ne me souvenais de plus rien, pourquoi mon dernier souvenir datait de mercredi soir ??? qu’est-ce qui s’était donc passé ces dernières 24h ?? « Ivy… Qu’est-ce qu’il y a ? » Nolan semblait être de plus en plus inquiet. Je tentais de lui sourire pour le rassurer, mais j’en étais incapable. Je me contente donc de poser la tête contre son torse. « Je suis là maintenant, c’est la seule chose qui compte, non ? » Je le connaissais assez pour savoir que cette réponse n’allait certainement pas lui suffire, mais il ne disait rien. Le contact me rassurait, me calmait un peu, mais rapidement j’avais l’esprit bien ailleurs. Cette odeur délicieuse.. D’où venait-elle ? Elle semblait désormais être tout ce qu’il y avait dans mon esprit. Cette odeur… et cette faim qui me rongeait et qui prit doucement le dessus. Mais également cette douleur au niveau de la mâchoire que j’étais bien incapable de comprendre. Je n’avais plus aucun contrôle sur moi, c’était comme si j’étais en dehors de mon propre corps et le regardais agir sans être capable d’intervenir. Je me voyais approcher les lèvres du cou de Nolan qui ne bougeait pas, qui passait tendrement ses mains dans mes cheveux. Cette odeur délicieuse devenait de plus en plus forte. Je sentais Nolan se raidir de surprise quand mes canines s’enfonçaient dans sa chair. Je ne sais pas comment c’était possible, mais je crois que c’était à ce moment que j’ai pris conscience de ce que j’étais en train de faire, de qui était la personne en face de moi. Je ne sais pas comment, mais j’ai réussi à me décoller de lui, à reculer de quelques pas. Je ne risquais certainement pas d’oublier le regard qu’il m’a lancé. Un regard plein de surprise. Il semblait aussi étonné que moi par cette situation. Je voyais deux gouttes de sang perler le long de son cou, j’entendais son cœur battre et la seule pensée que j’avais était de me jeter sur lui, de boire ce sang qui sentait si bon, si enivrant… Pourtant, j’ai réussi à me contrôler, et surtout à contrôler mes pulsions. Après un dernier regard à Nolan, je me suis enfuie… Puis, j’ai ressenti cet appel… Bizarrement, je savais parfaitement où est-ce que j’allais trouver cet homme bizarre que j’avais croisé peu auparavant. Je tentais de résister, mais j’étais bien incapable de ne pas suivre cet ordre, de ne pas me rendre à l’endroit qu’il m’avait communiqué. Il m’y attendait adossé contre un mur, ses bras croisés devant le torse. C’est alors que j’avais compris que c’était lui le responsable, lui qui m’avait fait devenir… un vampire. Je le savais, et pourtant, j’avais toujours du mal à croire que j’étais devenu l’un d’entre eux, que je sois devenue un monstre…